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Influenceurs financiers : mode d’emploi pour investir sans danger
À l’occasion de la Semaine mondiale de l’investisseur, la CNCEF Patrimoine alerte sur les dérives possibles liées aux conseils prodigués par les influenceurs financiers sur les réseaux sociaux. Entre promesses de gains faciles et absence de certification, le grand public doit apprendre à distinguer le discours sérieux de la tentation hasardeuse.
Des influenceurs pas tous experts
Les réseaux sociaux regorgent désormais de profils se revendiquant spécialistes de l’investissement. Certains sont d’authentiques économistes, conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ou conseillers en investissement financier (CIF), dûment certifiés et inscrits au registre unique de l’ORIAS. Ils sont alors soumis à un cadre strict, validé par l’Autorité des marchés financiers (AMF) ou l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), et à une obligation de formation continue. Leur légitimité ne fait pas débat. Mais à côté d’eux, prospèrent des influenceurs aux compétences incertaines, qui profitent de l’appétit du grand public pour l’investissement et les promesses de rendement élevé.
La présidente de la CNCEF Patrimoine, Pascale Gloser, invite à adopter une vigilance méthodique. Le premier réflexe consiste à vérifier l’expertise et la formation : diplômes, accréditations, appartenance à une association professionnelle agréée par l’AMF. L’expérience est également un critère clé : mieux vaut faire confiance à un acteur installé de longue date qu’à un créateur de contenu qui surfe sur la tendance. Enfin, un influenceur sérieux rappelle toujours les bonnes pratiques – existence d’une épargne de précaution, risques associés à chaque placement, non-garantie des performances passées – et encourage ses abonnés à comparer ses conseils avec d’autres sources fiables.
Les signaux d’alerte existent et sont bien identifiés. Un discours promettant des gains rapides, faciles ou garantis doit immédiatement éveiller les soupçons, car il s’écarte des fondamentaux de l’investissement. L’absence de transparence sur d’éventuels partenariats commerciaux ou le recours excessif à des contenus promotionnels sont d’autres indices d’un discours intéressé. À l’inverse, un influenceur digne de confiance prend le temps d’échanger, répond aux questions de sa communauté et reconnaît ses erreurs.
Entre pédagogie et dérives, un public vulnérable
Les risques liés à l’influence financière sont multiples. Le premier est celui d’un mauvais conseil. Suivre à la lettre une recommandation non adaptée à sa situation personnelle – âge, situation familiale, projets de vie, capacité d’épargne – peut se révéler désastreux. Un jeune ménage qui souhaite acquérir une résidence principale à court terme n’a pas vocation à placer l’intégralité de son capital dans un produit complexe et volatil. De même, un retraité qui privilégie la sécurité de son épargne ne doit pas se laisser séduire par un produit à haut rendement mais à forte probabilité de perte.
L’autre danger réside dans la prolifération des arnaques. Certains influenceurs peu scrupuleux promeuvent des placements sur des produits non autorisés, parfois assortis d’un rendement prétendument garanti. Dans la réalité, de tels placements n’existent pas et peuvent entraîner la perte totale des sommes investies. La règle d’or reste immuable : le rendement est toujours corrélé au risque. Plus le premier est élevé, plus le second l’est aussi. Inversement, un placement garanti – fonds en euros, obligations – se traduira mécaniquement par un rendement modeste.
Les jeunes, en particulier les 18-24 ans, apparaissent comme le public le plus vulnérable. Leur appétence pour les cryptomonnaies, leur moindre culture financière et leur exposition massive aux réseaux sociaux en font des cibles de choix pour les escroqueries. Le CNCEF Patrimoine alerte sur cette exploitation de la naïveté et de l’enthousiasme de certains débutants, parfois incités à placer l’essentiel de leur épargne sur des actifs risqués sans véritable compréhension des enjeux.
Face à ces dérives, la recommandation est claire : prudence, esprit critique et vérification systématique des sources. Comparer les discours avec les avis de régulateurs, de conseillers agréés ou de médias spécialisés demeure le meilleur rempart contre les illusions. Pour Pascale Gloser, « un influenceur fiable n’est pas celui qui promet des gains exceptionnels, mais celui qui aide ses abonnés à bâtir une stratégie patrimoniale cohérente, diversifiée et adaptée à leurs projets de vie ».
En définitive, l’influence financière peut être une formidable porte d’entrée vers l’éducation économique si elle reste encadrée, transparente et pédagogique. Mais suivie aveuglément, elle expose à des erreurs coûteuses et parfois irréversibles. Dans un univers où la viralité l’emporte souvent sur la prudence, la vigilance demeure la meilleure des protections.
