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Crédit immobilier : la stabilité résiste aux secousses politiques et économiques

Malgré les démissions des premiers ministres et la dégradation de la note française par Fitch, les taux de crédit immobilier ne se sont que très légèrement tendus en septembre. Pour les emprunteurs, la fenêtre reste ouverte, mais jusqu’à quand ?
 

Septembre 2025 aurait pu marquer un tournant sur le marché du financement immobilier. Entre une instabilité politique accrue à Paris, avec la démission du gouvernement Bayrou, et la décision de l’agence Fitch de dégrader la note de la dette française, les ingrédients d’une tension sur les taux étaient réunis. Pourtant, les chiffres le confirment : le marché du crédit immobilier a fait preuve d’une étonnante résilience.
 

Selon les données compilées par CAFPI, les conditions d’emprunt restent attractives au regard de la séquence économique. Cette stabilité, en dépit d’un environnement chahuté, offre encore aux acheteurs un pouvoir d’achat préservé, mais les prochains mois pourraient rebattre les cartes.

Des taux en légère progression mais toujours contenus
En moyenne, en septembre, les emprunteurs ont pu obtenir :
• 3,10 % sur 15 ans (+0,01 point par rapport à août),
• 3,22 % sur 20 ans (+0,05 point),
• 3,30 % sur 25 ans (+0,03 point).
 

Les meilleurs profils, disposant d’un apport solide et d’une situation financière robuste, continuent d’accéder à des conditions encore plus favorables, avec des taux inférieurs à 3 %. Sur 20 ans, il est ainsi possible de décrocher 2,99 %, un niveau quasiment stable par rapport à l’été.
 

Cette progression contenue traduit l’équilibre entre, d’une part, la dégradation du risque souverain français et la hausse des coûts de refinancement, et d’autre part, la décision de la BCE de maintenir ses taux directeurs. L’inflation est revenue à 2 % dans la zone euro (et même 0,9 % en France), ce qui conforte la banque centrale dans une politique d’attentisme.
 

Concrètement, les banques n’ont donc pas jugé nécessaire de répercuter brutalement la dégradation de Fitch dans leurs barèmes. Mais la situation demeure fragile.

Un pouvoir d’achat préservé… pour l’instant
Au-delà des taux, le facteur clé pour les ménages est le pouvoir d’achat immobilier. Or, celui-ci ne s’est érodé que marginalement en septembre. Selon MeilleursAgents, les prix immobiliers ont progressé de 0,8 % sur un an, une hausse modeste au regard des dynamiques passées.
 

Résultat : pour une mensualité de 1 000 euros sur 25 ans, la surface achetable n’a reculé que de quelques centimètres carrés en un mois. Dans certaines métropoles, la perte est symbolique (-0,10 m² à Strasbourg), dans d’autres elle devient plus perceptible (-0,87 m² à Rennes).
 

Cette relative stabilité des prix, combinée à des taux encore contenus, permet donc aux acquéreurs de sécuriser des conditions de financement intéressantes. Les courtiers conseillent d’ailleurs de verrouiller rapidement un taux auprès de leur banque, afin d’éviter une remontée soudaine si le climat économique venait à se tendre.
 

Car plusieurs signaux incitent à la prudence : l’OAT 10 ans évolue autour de 3,5 %, un niveau élevé qui réduit la rentabilité des prêts pour les banques. Et deux rendez-vous majeurs approchent : la notation de la France par Moody’s le 24 octobre, puis par Standard & Poor’s le 28 novembre. En cas de nouvelle dégradation, les établissements pourraient être contraints d’ajuster leurs grilles à la hausse.

Un équilibre précaire entre économie et politique
Le marché du crédit immobilier illustre parfaitement le paradoxe actuel. Sur le papier, les fondamentaux plaident pour une tension : dette publique dégradée, OAT élevées, instabilité politique. Pourtant, la BCE joue son rôle de stabilisateur en laissant ses taux inchangés et en donnant de la visibilité aux marchés.
Pour les investisseurs et les acheteurs, la leçon est double. D’un côté, la stabilité des taux permet encore de sécuriser des projets immobiliers dans de bonnes conditions. De l’autre, cette fenêtre pourrait se refermer rapidement si les signaux macroéconomiques s’aggravent. La prudence s’impose donc : verrouiller son financement dès maintenant peut s’avérer une stratégie payante, notamment pour les primo-accédants et les investisseurs locatifs qui veulent figer leur coût du crédit avant l’hiver.
 

Septembre a démontré que le crédit immobilier résiste aux secousses. Mais dans un environnement où la politique et les agences de notation pèsent de plus en plus sur la confiance des marchés, cette résilience pourrait ne pas durer éternellement.